Des vélos en bambou fibre de lin
Le
choix des cadres de vélos en bambou fibre de lin, construits à la main dans les
Vosges, est lié à l’existence d’In’Bô. Ainsi nous allons
vous raconter une petite histoire…
C’est
l’histoire de cinq copains tout juste sortis de l’Ecole Nationale
Supérieure des Technologies et Industries du Bois d’Epinal. En
2013, ces passionnés du travail du bois tentent de lancer leur
entreprise dans un village vosgien de 336 habitants, les Voivres,
c’est-à-dire dans une de ces campagnes en voie de désertification.
Le club des cinq n’est pas seul : il est soutenu par son
école, des acteurs locaux et des particuliers. In’Bô, qui
signifie « le bois / la forêt » en patois
vosgien, s’attaque à la construction de montures de lunettes et de
longboards en bois, puis de vélos en cadre de bambou et fibres de
lin. In’Bô met la barre très haute puisqu’en 2014 Thibaud
Lhenry remporte le Red Hook Criterium, l’équivalent de la coupe du
monde de fixie, sur un vélo des Voivres.
En
parallèle la même année, nous apprenons l’existence sur le net
du concept de vélo en bambou. Deux allemands en ont construit un,
non pas pour pédaler avec, mais pour que des gens l’utilisent en
relai à travers le monde afin de collecter des fonds pour l’accès
à l’eau potable pour tous. Le vélo a atteint l'Inde après plus de 6000km parcourus et 34
relais. L’idée de partir sur des
vélos en bambou trotte alors dans notre tête. Nous nous renseignons
donc sur une éventuelle fabrication française : nous voulons des
vélos solides qu’on peut charger suffisamment pour un périple qui
traverse les Andes en privilégiant la piste au bitume. C’est
ainsi que nous découvrons alors l’existence d’In’Bô, mais qui
fabrique uniquement des vélos de route, nous laissant peu d’espoir
quant à la construction de VTT.
Cependant
début 2015 nous apprenons avec joie que l’équipe Solidream, constituée de trois aventuriers qui nous ont
largement inspiré ce projet de voyage par leurs récits depuis 2010,
part en juillet explorer les confins du Tadjikistan avec des fat
bikes fabriqués par In’Bô ! Bien que différents, les cadres
des fat bikes se rapprochent de ceux du VTT. Le rêve de partir sur
des vélos en bambou devient alors réalisable…
Outre
leur passion pour le bois (et le bambou), c’est l’état d’esprit
In’Bô qui nous a décidé à nous lancer dans cette aventure avec
leur matériel. Ils osent, tentent, expérimentent et
c'est ce que nous aimons. De plus, lorsque nous avons visité leurs
locaux nous avons pu nous rendre compte du travail nécessaire en
amont. Nous avons apprécié le fait que les instruments requis pour
la fabrication des vélos soient en grande partie de conception
maison et qu’une attention particulière soit donnée à
l’acquisition de matériaux les plus proches géographiquement et
les moins transformés possibles.
Alors comment nos vélos ont-ils été
fabriqués ?
In’Bô nous a tout d’abord demandé
une série de mensurations personnelles afin d’établir la
conception papier sur mesure des deux vélos. Ensuite ils se sont
procurés sept tubes de bambou coupés à la bambouseraie d’Anduze
(Gard). Un bambou qui sèche casse bien souvent. Ils ont donc mis au
point un système de séchage sous étuve, puis ont expérimenté le
séchage sous vide qui s’est avéré encore plus performant. De
plus le bambou est traité à l’intérieur comme à l’extérieur
afin qu’il ne subisse pas les variations d’humidité. Les sept
tubes ont ensuite été coupés et assemblés sur une table de marbre
qui permet de fixer définitivement les dimensions et les angles du
cadre du vélo. Cet instrument clé pour la fabrication des vélos
est unique puisqu’il a été fabriqué sur mesure pour les besoins
d’In’Bô par un fournisseur local. C’est ce même
fournisseur qui a fabriqué les inserts en aluminium servant au
montage final des accessoires.
Les raccords entre les tubes de bambou
ont été faits grâce à de la fibre de lin provenant de Normandie
et une résine type époxyde d’origine française. Il faut parfois
faire des concessions pour allier performance et respect de notre
environnement : les polymères époxydes contiennent en effet
des éléments toxiques. Les raccords fait main entre les tubes sont
d’abord grossiers et une étape couteuse en temps est alors
nécessaire pour les affiner. L’affinage débute avec l’aide de
ponceuses électriques puis est peaufiné avec minutie à la
bandelette. Pour terminer, une petite couche de verni et les cadres
sont prêts !
Il a fallu ensuite fixer sur chaque cadre les différents éléments du vélo qui ont été sélectionnés chez des fournisseurs principalement anglais, allemand et français. Quelques éléments sont propres au vélo de randonnée comme le guidon papillon, les inserts en fibre de lin pour les bouteilles d’eau sur le cadre, les porte-bagages, les garde-boues… La selle des vélos est atypique puisqu’elle n’a pas de bec et qu’elle est mobile lors des mouvements du bassin. Nous l’avons choisie parce qu’elle a été conçue par un ancien cycliste professionnel français avec l’aide de médecins et kinésithérapeutes. Nous avons donc une selle à la fois locale et médicale pour éviter les complications liées à la pratique du vélo.