Portes ouvertes en bord de piste

Nous partons sous un plafond gris qui va nous accompagner toute la journée. La piste est correcte mais l’humidité importante. Nous nous arrêtons à un abri aménagé au bord de la route au kilomètre trente. Il y a une estancia en arrière de cet abri et nous allons demander s’il y a d’autres abris plus loin. Le gaucho nous annonce 50km alors nous décidons de nous arrêter là pour aujourd’hui. Il nous invite à prendre le maté en sa compagnie. Il est 17h et nous ne savions pas qu’il allait nous tenir la jambe jusqu’à…22h ! 


Nous allons donc nous réchauffer dans sa très modeste demeure respirant le renfermé et l’humidité. Jorge porte des vêtements tous déchirés, sent mauvais à plusieurs mètres à la ronde, marche en boitant et est coiffé d’un béret. Le maté passe de bouche en bouche selon la tradition sud-américaine autour de la cuisinière qui carbure à plein régime. C’est donc une fois sur trois que la bombilla, la paille du maté, passe dans une bouche paraissant aussi propre que les habits de son propriétaire.

Nous apprenons que Jorge travaille ici avec une autre femme, Maria, et que le propriétaire de cette petite ferme de quarante vaches est parti en vacances. Il nous emmène tout d’abord voir des vaches et leurs veaux qu’ils séparent pour la nuit puis nous allons changer le fer d’un cheval. Jorge parait avide d’échanges et nous fait participer à toutes les étapes.

Nous prenons un fer que nous scions, puis il nous faut enlever l’ancien fer du cheval. Ensuite, petite manucure du sabot au couteau puis nous plaçons le nouveau fer que nous fixons avec des clous. Jorge fait les finitions et le cheval est prêt à être monté ! C’est Pauline qui s’en charge, peu rassurée il est vrai mais je le suis encore moins ! 


Nous lisons dans les yeux de Jorge et à chacun de ses rires et sourires sa joie de partager ces moments simples mais qui nous arrivent si rarement durant notre quotidien en France. Il apprend rapidement à Pauline les bases pour faire avance le cheval et le faire tourner et c’est parti pour une petite balade dans la ferme, avec l’aide de Jorge tout d’abord puis même en autonomie. Jorge m’invite ensuite à monter à l’arrière de Pauline. Il s’empresse de prendre notre appareil photo pour nous immortaliser ce moment.

Nous retournons au chaud où la bombilla reprend du service. Il nous fait bouillir du lait pour notre petit déjeuner de demain matin. Jorge nous cite une série de devinettes et proverbes locaux. Puis il est l’heure de nourrir au biberon un veau qui a perdu sa mère.


Nous terminons cette magnifique rencontre en partageant du riz au lait autour du poêle. Il est 22h, Jorge veut encore nous couper du bois pour chauffer notre abri mais nous refusons et nous rejoignons notre tanière où nous cuisinons un peu de lentille avant de nous coucher.